Pourquoi êtes-vous là ?

Il n’est guère anodin de se retrouver dans cette antre de la dépravation intellectuelle. D’ailleurs, vous avez surement été torturé par l’auteur, accessoirement par son cercle infernal de proches, ou induit par on ne sait quel hasard, pour vous être égaré si loin des sentiers battus mathématiquement calculés et sensiblement déterminés par les algorithmes des moteurs de recherche. Mais, vous êtes ici, aussi perdu que ne l’était Victor Segalen tout au long de sa vie, en Polynésie, en Chine, pour ne plus se retrouver, sauf au plus profond de son moi avant la déclinaison totale.

Vous êtes sans nul doute ici pour une bonne raison, peu importe laquelle, car des lectures vous attendent; des lettres mises en relation pour satisfaire et votre curiosité malsaine assumée en cachette, et votre fibre d’esthète dissimulée derrière votre silence d’observateur.

Vous êtes nécessairement là pour lire des objets textuels, écrits par un pourfendeur muni d’une rafle stylistique improvisée sur le tas. Cet être qui m’anime périodiquement, déduit et déconstruit l’environnement dans lequel il eut la malchance d’apparaître biologiquement, pour le reconstruire culturellement à coup de massue poétique, à des fins d’embellissement et de gaîté lyrique. La société lui a été donnée délabrée et poreuse; il est dorénavant ici, en compagnie de vos yeux de scrutateurs, pour le faire exister, le maintenir en vie, l’instant d’un soupire et d’un clignement d’yeux, en train de ressentir et de tenter de faire ressentir la nature qui nous mobilise par une suprastructure qui nous dépasse immanquablement tous.